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MŒURS ET COUTUMES. 59
rien de ce qui distingue l’homme de la brute. A
peine s'est-il donné la peine de parler. Il est resté,
tel que la nature l’avait créé lorsqu'elle a fait de
lui un être misérable, — gratifié toutefois pour son
bonheur, de la tache originelle. 1l erre sous ses
cocotiers dont il ramasse les fruits et le long de
la mer ou il recueille des coquillages, ou bien‘il
reste assis à terre pendant de longues heures, rumi-
nant son repas et entretenant son feu. _
Il est pourtant obligé de cultiver la terre, mais sa
culture se borne à Pigname et au taro, plantes à
grosses racines tuberculeuses qui poussent sans exi-
ger aucun soin, les premières dans un sol riche et
profond, les secondes dans des terres humides ou
inondées. La culture se fait en commun; le chef dé-
cide un beau jour, après de longues discussions avec
les cr vieux » du village, qu’on ira planter les ignames;
On fait choix d'un terrain, et toute la tribu, y com-
pris les fernrnesïefles enfants, se met en mouve-
ment. On débrousse, on prépare la terre et on
plante; cela demande peu de travail et peu de temps.
Puis chacun reprend son existence indolente et inu-
tile, coupée çà et là par une visite au champ.
Enfin septembre arrive : c’est le moment de la ré-
colte;‘on s’en va déterrer les racines et on les rap-
porte sur la place duvillage. On invite lestribus avec
lesquelles on est en bons rapports, et elles sont rares, à
'60 Les VNOUVELLES-HÉBRIDES.
prendre part àlce grand événement. Tout le monde se
rassemble et alors commence la fête des ignames. C’est
un pilouëpilbrt interminable: quand le Canaque entre
en liesse, il ne s'arrête plus qu’épuisé et rendu.
Pendant deux,trois, quatre jours de suite et autant
de nuits, on mange, on boit, on crie, en tapant à
tours de bras sur les tambours ou sur des planches
et en soufllant dans les bambous; on se livre à des
danses échevelées simulant la guerre et l'amour.
' ]’ai vu des indigènes passer des nuits entières à
sauter et courir en rond, serrés comme en rang
de bataille, autour des troncs d’arbres que certains
voyageurs ont prispà tort pour des idoles et qui
servent seulement de grosses caisses.
Les femmes s'agitent pèle-mêle au milieu du cercle
i formé par la ronde des hommes, et ne semontrent pas
moins excitées qu’eux. Ces ébats sont accompagnés
de chants à modulations plaintives, quïnterrornpent
de temps à autre des cris aigus ‘et des hurlements.’
Tous s'échauffent en buvant le kaura, breuvage tiré
d’une racine qui est mâchée à l'avance par les femmes.
v Le« jus » ainsi recueilli dans des espèces de bassins
' en bois, subit une sorte de fermentation et procure
une ivresse aussi violente que celle de l’alcool, que
complique sans doute dïmaginations voluptueuses,
- ‘le souvenir ou le relent de ‘cette singulière prépa?
ration.
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