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CHAPITRE VIL
lRRÉLIGION. —- SOCIALISME. — EXTINCTION DES
INDIGÈNES.
I. — Irréllgion.
Pour prouver la légitimité et la nécessité des dog-
mes religieux, les théologiens commencent par
essayer d'en établir l'universalité. Aussi sont—ils
amenés à aflirmer qu’on trouve chez tous les peu-
ples, même les plus sauvages, le besoin et la mani-
festation de croyances supérieures. Sans vouloir en-
trer dans la discussion directe de cette a preuve de
Fexistence de Dieu par le consentement universel »,
je dois à la vérité d’avouer que pour ma part j’ai
constaté l’absence de tout sentiment religieux chez
les Canaques.
C'est à tort, à grand tort, qu’on a confondu les
troncs d’arbres tabous, dont nous avons parlé, avec
des idoles. Ceux qui ont visité ces îles, non en pas-
sant, mais en y séjournant assez pour les connaître
i.» t
S4 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
à fond, sont unanimes à déclarer que les naturels ne
rendent aucun culte à ces grossiers morceaux de
sculpture et n’y attachent de valeur qu’en raison de
la peine qu’ils ont eue à les fabriquer. L'objet lui-
même sert de tambour, et sa signification ala porte
d'une case est celle d’un poteau portant cette inscrip-
tion: a Défense de passer n ou a Défense d'entrer ».
Le mot tabou n’a pas d'autre sens, il signifie c: ré-
serve’, soustrait au trafic etaux usages personnels n.
Les Hébridaîs n’ont de vénération pieuse, ni pour
leurs ancêtres, ni pour un dieu quelconque; on
n’observe chez eux aucune trace de fétichisme, au-
cun soupçon de la possibilité d’une existence ulté-
rieure, ni de peines ou de châtiments extérieurs à
la vie présente, enfin, aucune des idées et des sen-
timents sur lesquels se fonde une religion. Les
superstitions auxquelles nous avons fait allusion
ne concernent que Finfluence occulte des individus,
"et ne font jamais intervenir un être supérieur, dé:
mon ou génie.C’est vraiment ici l'Éden des positi-
vistes. '
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