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LE RECRUTEMENT. I 0 I
passer les préférences de ceux-ci avant Pintérét de
la colonie; mais ne serait-il pas tout naturel aussi
que la colonie lui supprimât les avantages en nature
et en argent qu’e1le lui alloue?
l1 résulte de cet état de choses que les Allemands
pour Samoa, les Américains pour Honolulu, les
Anglais pour les Fidji, et les Australiens pour le
Queensland, bénéficient seuls, depuis I882, du re-
crutement des travailleurs aux Nouvelles-Hébrides.
Lapauvre Calédonie, qui en est la plus rapprochée, se
voit seule frustrée, au profit des étrangers et des con-
currents, de ces ressources de bras presque vitales
pour elle. Si l’on y trouve encore quelques Cana-
ques néo-hébridais, ce sont de vieux serviteurs qui ont
pris en affection cette colonie peu éloignée de leur
patrie, où l’on jouit d'un climat sain et chaud et où
ils sont généralement bien traités.
Le recrutement des Canaques se fait aux Hébrides
comme les opérations commerciales ordinaires. Nous
avons vu quelles précautions l’on est obligé de prendre
quand on aborde à une plage. La défiance des indi-
gènes n'est malheureusement pas tout à fait injusti-
fiée. Les rares actes de violences commis sur ces ri-
vages ont laissé de durables souvenirs; aussi faut—il se
garder d'entrer en négociations si l’on n'est pas bien
armé et à portée des embarcations. Les imprudents
n’ont que trop souvent payé de leurlvieleurtémérité.
IO2 . LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
Le bateau recruteur signale sa présence et ses in-
tentions aux Canaques par une boule hissée au
haut du grand mât ou par un coup de canon; puis
il envoie ses baleiniéres à terre. On discute ordinai-
rement les conditions sans quitter le canot-Quand
on est d’accord avec le chef et les parents des enga-
gés, on paie pour chaque homme qui consent à ve-
nir travailler chez les blancs, pendant une durée de
trois ou cinq ans, une prime consistant en un mous-
quet ou snider, du tabac, du calicot, des pipes, des
allumettes, des cartouches, de la poudre, des cap-
sules, etc.
Mais les affaires se gâtent parfois, lorsqu’un
homme ou une femme veut se rendre à bord contre
le gré du chef ou de sa famille. Les cas de ce genre
ne sont pas rares z tantôt ce sont deux jeunes gens
qu’on ne veut pas marier et qui partent ensemble;
tantôt c'est une femme maltraitée par son mari, un
homme menacé d’une vengeance ou d'un châtiment,
qui cherche un refuge.
Quels que soient ses motifs, Yindigéne doit se
cacher soigneusement ‘pour rejoindre à la nage
l'embarcation ou le bateau.’ Dés qu’ils s'en aper-
çoivent, les Canaques irrités font feu sur les fugi-
tifs et sur les blancs qui les recueillent; ceux-ci na-
turellement ripostent, et la conséquence la plus
certaine de Fopération est que le coprah-malrer qui
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