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AVANT-PROPOS. X11
forces dépensées au Tonkin, et nous y serions chez
nous. Quant aux Nouvelles-Hébrides, nous les pos-
séderions depuis longtemps, malgré la fameuse con-
vention de 1878, si nous avions seulement profité
des annexions faites par.l’Angleterre depuis cette con-
vention, en Nouvelle-Guinéeet ailleurs, pour réclamer
aussi notre part. Nous avons toujours laissé passer
les occasions, et cela pour les raisons données plus
haut ; puis, quand nous avons voulu agir, nous
l'avons fait à contre-temps. De là notre infériorité et
notre délaissement.
Mais ce sont là des considérations bien générales.
J'ai hâte d'en venir à mon sujet" où l'application ne
se fera que trop facilement d'elle-même.
Puissent les renseignements que j'ai directement
recueillis sur ces îles être de quelque utilité à ceux
que leur curiosité ou leurs intérêts conduiront de ce
côté
La question ethnographique, l'une des plus inté-
ressantes que soulève la description du pays, eût
mérité plus de développement encore que je n’aipu
lui en donner. je me suis borné à condenser les
hypothèses et les faits exposés jusqu'à ce jour, en y
apportant quelques arguments nouveaux quirésul-
xiv i AVANT-PROPOS.
tent moins de connaissances ethnologiques que d'ob-
servations de voyageur.
]’ai négligé, pour ne pas dire omis —— a dessein
ä- le côté personnel de mes voyages.]’aurais pu ra-
conter mainte aventure survenue au cours de mes
navigations,’ coups de vent ou naufrages, maint in-
cident amené par mes relations, voire même mes
différends avec les indigènes; je ne l’ai pas voulu,
ne faisant point ici-œuvre d'art ou d'imagination,
mais d'exactitude et de sincérité.
Il importe peu au lecteur que le narrateur ait levé
l'ancre à telle heure," qu'il ait eu vent contraire ou
favorable, qu'il ait été plus ou moins secoué par le
mauvais temps, qu’enfin il ait bien ou mal déjeuné,
tous détails où se complaisent trop souvent les nar-
rateurs de courses lointaines.
J'imagine qu'on lit un livre de ce genre plutôt
pour conmître la nature du pays, les moeurs de ses
habitants, ses productions et son avenir, que pour
étudier les habitudes du voyageur.
Delà la forme peut-être un peu sèche de mon
récit, qui vise moins à exciter lïntérêt esthétique
qu’à laisser un souvenir précis et utile des objets
décrits. '
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