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LE CLIMAT ET-LES FIÈVRES. r;
comparer a un parasite : on la nourrit à ses dépens;
elle affaiblit les tempéraments puissants et sanguins,
elle épuise les autres. Si je ne craignais de pous-
ser la vérité jusqu’au paradoxe, j'oserais aflirmer
qu’un séjour de quelques mois ou d’une année aux
vHébrides serait une cure excellente pour les sujets
apoplectiques.
Le régime que réclame le climat donne lieu à bien
‘des contradictions: d’après les uns, il faut sîabstenir
de tout alcool dans les îles; d'après les autres, il est
nécessaire d’en prendre si l'on ne veut safiaiblir. Il
est vrai qu’en fait, les uns et les autres s’accordent
généralement sur un point : tous en boivent et par-
fois même à l’excès.' La encore le meilleur parti est
entre les extrêmes: l’abus est un danger à coup sûr,
Fusage modéré ne saurait être nuisible. Il est même
constaté qu'on ‘court plus de chances d’attraper "la
fièvre 1orsqu’on rompt subitement avec ses habitudes.
Ce qui est beaucoup plus malsain que l’alcool dans
ce PAYS, c'est l’eau. On a beau la filtrer, le seul moyen
de la rendre inofiensive estide la faire bouillir, mais
alors il faut l’aérer. Je me suis assujetti pendant la
durée de mon.premier séjour aux Hèbrides à ne
boire‘ que de l’eau bouillie, je n'ai pas eu la fièvre.
Lors de mon second voyage, j’ai négligé cette précau-
tion et j’ai étémalade.
L'immersion même est dangereuse, je ne sais guère
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qu'une petite rivière, dont l’embouchure est à Port-
Havannah, où l’on puisse se plonger à peu prés im-
punément. Aussi les bains froids de rivière doivent-
ils être entièrement proscrits aux Hébrides. j’ai été
témoin de nombreux cas de fièvre survenant chez
des Européens, à la suite d’un bain prisdans une ri-
vière ou dans unlac qui les avait tentés par la lim-
pidité parfaite de ses eaux. 1
Au reste, le danger ne doit pas faire doute pour
ceux qui connaissent le PAYS, car je n’ai jamais vu
un indigène se risquer dans l’eau douce, alors qu’en
Nouvelle-Calédonie le Canaque de l’intérieur n'en
sort pour ainsi dire pas. Bien plus, je n’ai jamais
rencontré aux Nouvelles-Hébrides un village sur les
bords d’une riviére, tandis que dans notrecolonie
tous affectent cette position. Le Canaque hébridais,
nageur remarquable, prend la peine de jeter un arbre
Jntravers d’un cours d’eau quand il doit le traver-
‘ser, de façon à n’avoir même pas à mouiller ses
‘jambes, précaution qui est inconnue en Calédonie.
Si on ajoute à ces remarques ce trait caractéris-
LlVîS NOUVELLES-HÉBRLDES.
' tique que les indigènes ne boivent presque jamais
d’eau mais toujours du lait de coco,- on reconnaît-ra
que tout cela trahit un système hygiénique évidem-
ment fondé sur Fexpérience,Uéducation même ha-
bitue Penfant à se passer de rafraîchissement aqueux, A
comme aussi le régime alimentaire, où le sel n’entre'
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