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LE CLIMAT ET LES FIÈVRES. 19
L’Européen ne saurait mieux faire que d'imiter
l’lndien dans l'Inde et l'Hébridais aux Hébrides.
Il doit donc ici s’en tenir à l'eau de pluie ou à
l'eau bouillie et filtrée, sinon au thé, qui constitue
la meilleure des boissons.
]'ai cherché à m'expliquer l'insalubrité de rivières
qui ne sont ni stagnantes ni putrides. Malgré les appa-
rences, c’est certainement à la décomposition des ma-
tières végétales qu’il faut Yattribuer. Les eaux coulent
entre des berges d'une terre grasse, fertile et profonde,
qui les débarrasse, en les filtrant, des plus grossières
impuretés, mais non des germes morbides provenant
-du détritus organique. La fièvre diminuera sûrement
a mesure que le pays sera livré à la civilisation, la
terre mise en culture, et les cours d'eau bien drainés.
Disparaîtra-t-elle jamaisÎfcela est douteux: l'exem-
ple de la Cochinchine et de la vallée du Gange n'est
pas pour nous le faire espérer; la- chaleur et l'humi-
dité y développent trop rapidement la vie et la mort,
la fermentation et la pourriture, pour que toutes les
émanations délétères puissent se fixer dans les tissus
végétaux, AINSI qu’il arrive sous une latitude tempérée.
' A_ Sandwich, où la Compagnie des Nouvelles-
Hébrides a débroussè une certaine quantité de ter-
rains, la fièvre n'a pas sensiblement diminué. Les
enfants ne supportent pas ce climat, les femmes en
souffrent. Certains voyageurs restent atteints long-
. b.
2o LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
temps, même après avoir quitté les îles, et éprou-
vent des accès pendant des années encore.
Cependant, l'île d'Annatum, la plus méridionale
du groupe, est aujourd'hui presque indemne de
fiévre. On serait tenté d'attribuer cette particularité
à la qualité de la terre, mais on prétend qu'elle était
très malsaine il y a une trentaine d'années, lorsque
les premiers missionnaires catholiques s'y sont éta-
blis. Peut-étre faut-il plutôt croire à une différence de
situation atmosphérique, car Tanna et Erromango,
ses deux voisines, paraissent jouir de la même im-
munité. En sorte que les observations pessimistes
qui précédent ne s’appliqueraient en tout cas qu'au
reste de l'archipel.
Enfin, si l'on en croit certains colons et marins, l'île
d’Ambrym devrait à sa constitution volcanique d'être
également un peu plus saine que les autres. Mais je
n'ose m'appuyer sur cette opinion,carj'yai rencontré
des Coprah-Makers atteints de violents accès de fiévre.
Les cantons montagneux et même les endroits
élevés des vallées passent pour être exempts de la
maladie : si probable que cela paraisse, on ne peut
encore l'affirmer, car aucun Européen n'a jusqu'ici
résidéa l'intérieur des îles, et il ne semble pas du reste
que les indigènes qui souffrent, eux aussi, des fièvres,
s'inspirent de cette remarque dans le choix de leurs
habitations.
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aktL.
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