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LE MÉLANÉSIEN. 2 5

nots de Zanzibar ou de Natal n'ont-ils pas pu pren-
dre cette route? i

Mais on hésitera à se rallier 21 cette opinion, si l'on
se souvient de l'énorme distance qui sépare les deux
points extrêmes du voyage: il ne s'agit de rienrnoins
que de traverser l'Océan indien, — 7o degrés de
longitude, une fois et demie la longueur de l'Europe,
— et cela sans faire aucune halte en route. Quels
canots se préteraient à une telle prouesse?

Faut-il donc admettre que le Mélanèsien est direc- ù

tement originaire du pays où nous le rencontrons
aujourd'hui? Cette conclusion même, outre qu'elle
tend à renverser toutes les idées reçues, ne va pas
sans objections. Transporter en Océanie la souche
de la race africaine n'est pas résoudre le problème: il
est aussi difficile d'expliquer la migration au dehors
qu'au dedans, l'exode que l'invasion; la route est
toujours la même entre Mozambique et l'Australie.

Enfin une solution toute simple serait de supposer
que chaque continent a eu sa génération particu-
lière. Mais, BIEN que Darwin ne voie aucune impos-
sibilité a ce que l'évolution naturelle des formes vi-
vantes ait fait apparaître l'homme, simultanément
ou successivement, sur plusieurs points isolés du
globe, une pareille théorie reste trop aventureuse,
en l'état actuel de nos connaissances, pour devenir
la base d'un système ethnographique.







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26 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.

Il n'existe qu'un moyen de tout concilier, c'est de
considérer l’Australie comme le berceau de toute
l'humanité. I

Rien ne s'y oppose, si ce n'est des habitudes d'es-
prit qui n'ont aucun fondement sérieux. Il semble,
au contraire, qu'il y ait une raison de convenance
à rapporter l'origine de l'homme, dernier venu des
êtres vivants, au continent le plus ancien: or il paraît
BIEN certain, d'après toutes les données géologiques,
que l’Australie est la première terre du globe qui ait
émergé hors des eaux. '

L'Asie a pu recevoir d'elle sa première population
par la chaîne des îles de la Sonde qui s'étend jusqu'à
la pointe de Malacca. La spécialisation des races ne
se serait opérée que plus tard, par l’efi'et des lentes
influences du climat et du milieu qui se sont trou-
vées étre sensiblement les mêmes en Afrique qu'en
Mélanésie. Qui sait même si les grands vents géné-
raux soufliant de l'est n'ont pas pu porter directe-
ment la migration d’Australie jusqu'en Afrique‘?

Cette hypothèse ne présente pas plus d'obstacles

r. Comme exemple de grandes traversées de ce genre accomplies avec
les plus minimes ressources, on peut citer l'aventure du capitaine Bligh,
de la Baunty marine de guerre anglaise, qui, a la suite d'une révolte à
bord, fut abandonné près de Nouka-Hiva dans une chaloupe i788, et
poussé par les vents jusqu'à l'île de Timor. Pour faire cette immense
traversée du Pacifique, ce canot, monté par {lia-huit marins, n'avait pour
toutes provisions que: un quintal et demi de biscuit, vingt-cinq livres de
viande salée, une tonne d'eau et un baril de rhum.