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CHAPITRE IV
LANGAGE. -— ‘COSTUME ET TATOUAGE. — VILLAGES.
-- CASES TABOU ET CA-SES DES MORTS. — ARMES
ET USTENSILES.
I. — 143118889-
L’idiome que parlent les indigènes difière d’île à île
dans toute l'étendue du groupe. Il arrive même que
des tribus vivant sur deux côtes opposées de la même
île ne se comprennent pas entre elles. Cela ne pro-
vient pas d’une diversité d'origine, mais seulement
des divisions qui ont régné de tout temps entre ces
peuplades, dont on peut dire qu'elles sont en état de
guerre perpétuelle. De là vient aussi qu’on ne trouve
nulle part un grand chef étendant son autorité sur
1’î1e. '
Cet excès de particularisme constitue un avantage
et un inconvénient pour la colonisation: un avan-
tage parce que l'absence de toute cohésion entre les
forces indigènes rendla conquête plus facile; — un
inconvénient parce que, lorsqu’on a aflaire à une au-
38 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
torité reconnue par toute une contrée, il sufiit de
s’assurer les bonnes grâces ou la soumission de
celui qui la représente, pour gouverner le pays par
son intermédiaire. n ' V
Lorsqu’il s’agit de langage, l'inconvénient l'em-
porte, car il devient extrêmement ditficile d‘entrer en
communication avec les insulaires. Le vocabulaire
des Nouvelles-Hébrides renferme bien des mots po—-
lynésiens a côté des mots mélanésiens; mais le Ca-
naque de Calédonie, des Loyalty, des Fidji, etc.,
ne peut se faire comprendre de ses voisins, ni les
comprendre lui-même. Chaque région a son dialecte
aussi dissemblable desautres que- le provençal peut
l'être du picard ou de Pauvergnat.
La langue dont on se sert communément dans
1’archipel, pour toutes relations avec les Canaques, et
dont les Canaques se servent eux-mêmes d'île à île,
est une sorte de a sabir » à base de patois anglais,
parsemé de mots français, espagnols et même océa-
niens; le tout accommode à une syntaxe rudimen-
taire où domine le tour d’esprit dü sauvage. On
donne à ce mélange hybride le nom de bicbe-Ia-mar,
à cause de la <1 biche-de-mer » qui a été un des
premiers articles d’exportation des Hébrides.
En voici quelques échantillons: man oui qui si-
gnifie a un Français n. Me rave signifie «x je sais n,
sa-w: est tiré du mot « savoir » ou a sabe » en espaë
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