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CASES ÎABOU ET CASES DES MORTS. 47
IV. — Cases tabou et cases des morts.
Dans tout village, il y‘ a une case tabou, c'est-à-
dire z réservée ». Le mot a tabou » exprime la dé-
fense d’approcher d’un endroit ou de toucher à un '
objet. Sans aller tout à fait jusqu’à la superstition, la
valeur qu’on y attribue est fort sérieuse: dans cer-
taines îles ce serait exposer sa vie que d'aller à l’en-
contre de Pinterdiction.
L'emplacement marqué du « tabou n se trouve
généralement sur les confins du village, abrité par
de grands arbres. Les pigeons qui viennent s’y poser
sont sacrés et nul n’a droit de les tuer.
La case c: tabou’: est entourée de bordures de
plantes,— où entrent toujours certaines espèces, par
exemple le croton, — et de gros piquets de bois
fichés en terre, de quatre à huit pieds de hauteur,
représentant aussi de grossières images dont cer-
taines sont très indécentes: quelquefois les toits sont
ornés de sculptures analogues. Seuls les a vieux de
la tribu n, lechef et quelques guerriers influents ont
le droit de pénétrerà de certaines époques dans cette
case pour délibérer sur les questions importantes,
culture,.guerre ou arrêts de justice. Les entretiens
de ce genre doivent être tenus en secret; voilà pro»
43. : __,. LES ENOUVELLES-HÉBRIDES.
bablernent l’origine toute simple du « tabou n qui
a fourni un prétexte aux théologiens pour soutenir
» que le Canaque iaîune religion.
Au milieu du village est ménagée une petite-place
où-sontencore fichés :en- terre quelques-uns de ces
Çt-roncsrdarbres. taillés en figures mons-
ç_on. à pouvoir servir, de _ tambour. Quand
on-arrive, on. frappeaveçun bâton sur ces
grosses caisses pour appeler les indigènes
épars dans la brousse. Le bruit s’entend à
une grandedistance. Au bout de quelques
 rninutesonaperçoinwït demi cachés der-
'.' riérelesarbres, les habitants qui observent
de _loin ‘avecméfiancè avant d'approcher.
1' :11. Ï; Pendant-les‘pilouszpiloùs otrgrandes fêtes,
‘cesibizarres tarriboursrésonnerit jour et nuit, tandis
que quelques flfitistes exercés souflîent dans de gros
bambouszquifréndent’ des. sons graves et ron-flants
comme des: tuyaux;d’otgue._-_ v '
Chaque: village ‘constitue une tribu séparée de
vingta cent ouÏcent cinquantepersonnes, et chaque
l tribu: azson Ïchef comme sesÏintéréts et sa vie propre.
Les Canaques_zne_fre'nd'ent ordinairement ni culte, ni
honneurs aux:morts ;-ils;,se contententde porter les
‘corpsrhorsdu village dans un endroit éloigné et
élevégqulilsréserventgà cette affectation. La nature
trueuses-et creusés intérieurement de fa- .
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