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CHAPITRE V
MŒURS ET COUTUMES. j IÏANTHROPOPHAGIE.
LA FEMME ET LE MARIAGE. — LA GUERRE.
I. -— Mœurs et coutumes.
Les Canaques n’ont pas le goût du travail et ne
connaissent aucundes besoins qui en font une né-
cessité aux Européens. On peut dire sans exagération
qu’ils ne font jamais rien. Ils ne mènent pas même
la vie contemplative que ménage à certaines races
leur oisiveté physique; ils ne pensent pas plus qu’ils
n'agissent. Aussi n'a-t-on pas trouvé aux Hébrides, et
ne trouvera-t-on pas davantage dans les archipels non
encore annexés par les Européens, des ressources
appréciables en main—d’œuvre. Tous ces insulaires
tiennent de leurs ancêtres les Indiens d’Amérique et
les Mélanésiens d’Australie, un caractère réfractaireà
tout travail suivi. Ce sont les seules races du monde
Sur ‘lesquelles le blanc ne puisse compter pour tra-V
58 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
vailler sous ses ordres. Ceux qui consentent à s’em-
ployer restent Fexception, et encore ne s'y résignent--
ils pas longtemps. La nature reprend bientôt le
dessus et ils retournent à la vie sauvage. Le Chi-
nois, l’Hindou et le.négre d’Afrique sont" les trois
seuls instruments dociles de la raceiblanche, et cette
espèce de prédestination est la conséquence de leur
nature ainsi que des religions et des constitutions
politiques ou sociales où "elle s'exprime. L’Océanien
demeure et demeurera toujours en dehors de la be-
sogne humaine: il est aujourdihui ce qu’il était à l’ori-
gine de sa race, qui’ est peut-être la plus ancienne du
monde, mais qui est depuis trop longtemps divisée,
isolée et stationnaire pour entrer aujourd'hui dans le
mouvement de la civilisation. ‘Il est resté tout voisin
de l’animal, et évoque encore maintenant l'idée de
cesprognathes et de ces anthropoîdes que révent
les évolutionnistes.
La nature l’a trahi par ses bienfaits mêmes. Qu’eût-
il fait d'un costume sous un pareilclimat? Pourquoi
travailler la terre quand la terre lui fournissait en
abondance de quoi suflire à ses besoins?
Enfermé dans sa petite île où il’ vit serré contre
ses frères, comment aurait-il imaginé une langue
compliquée et des termes généraux que ne réclaà
maient point ses relations étroites? Il n’a donc in-
venté’ ni" Yindustrie, ni Yagriculture, ni Pêcriture, ni
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