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ËANTHROPOPHAGIE. A 6 3'
II. — Uanthæopophagle.
Il leur faut bien alors recourir à l’anthropopha-
gie. Cette coutume n’est pas la conséquence d'une
cruauté particulière aux sauvages,‘ car les Indiens
d’Amérique qui sont d’une barbarie tout à fait inhu-
maine ne s'y sont jamais livrés, tandis que de nom-
breux exemples de cannibalisme se sont produits
chez les blancs eux-mêmes à la suite de_naufrages.
Uanthropophagie naît du besoin; elle apparaît non
seulement quand laterre ne suffit plus a nourrir les
habitants, mais quand il y a simplement pénurie
prolongée de nourriture animale. L’exemple de
l’Australie où la terre ne manquait pas, ni les res-
sources végétales, et où pourtant Yindigène est an-
thropophage, prouve que l’homme est foncièrement
carnivore, que sa nature lui commande impérieuse-
ment une alimentation forte et substantielle. Les
marsupiaux et les oiseaux que renferment les îles
océaniennes n’y sauraient sufiire; il lui faut de la
viande a; bmwherie. ' '
Le Canaque des Hèbrides cède donc à un instinct
naturel plutôt qu’à une coutume barbare, il n’est que
juste de le reconnaître. Cela ne diminue pourtant
point Fhorreur du cannibalisme.
È-IlÀ-J-Âx La-îlx. ,
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64 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
Pendant que je me trouvais à Tanna, en septem-
bre I887, j’appris que les indigènes avaient pendu
deux femmes pour honorer la mort d'un grand chef.
Ils allèrent les décrocher quelques jours plus tard
alors qu’elle_s commençaient a entrer en décomposi-
tion, et les transportèrent dans leurs cases pour les
manger en grande fête. Ils oublièrent heureusement
de nous inviter à ce régal de gourmets.
Les Canaques nïgnorent pas’ que de telles cou-
tumes sont énergiquement réprouvées par les blancs,
et que lorsqu’ils ont massacré un Européen, la rè-
pression sera plus forte si le crime a été suivi d’an-
thropophagie. Malgré cela, il est rare que le meurtre
d’un homme blanc ou de couleur ne donne pas lieu
à un grand kaikai“ festin. Quelquefois même la
chair humaine fait l'objet d’un trafic d’île à île. Le
fait s'est produit tout dernièrement à deux reprises
différentes dans le sud de Santo. Malheureusement
les blancs ne sont jamais prévenus et restent im—
puissants a prévenir ces actes de barbarie.
Le cannibalisme est moins fréquent chez les tribus
de la côte, qui ont toujours la ressource de la péche,
très fructueuse dans ces parages. _]’ai vu les Canaques
des Loyalty cerner des bancs de poissons à marée
basse et après avoir restreint lentement leur cercle,
plonger tous au même signal sur Yanimal effaré
qu’ils attrapaient ainsi à la main.
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