[Note: this transcription was produced by an automatic OCR engine]

ê.
u

"su, -_ ._ ._-



CHAPITRE VI

CARACTÈRE DES INDIGÈNES. —— REPRÉSAILLES.
MALADIES.

I. — Caractère des indigènes.

Les indigènes des Nouvelles-Hébrides sont aussi
bornés et superstitieux que fourbes et sanguinaires.
S'il leur survient un événement fâcheux, comme la
perte d'une récolte, la mort d'un chef ou d'une
femme, aumoment où des blancs se trouvent parmi
eux, ils n'hésitent pas à en rejeter la responsabilité
sur ceux—ci, qui courent alors quelque danger.

Dans l'île de Tanna, où Cool; avait déjà eu fort
à se plaindre des habitants qui l'avaient empêché
de pénétrer dans l'intérieur des terres, nous eûmes
l'occasion de faire l'exploration d'un cratère. Plu-
sieurs mois après, des secousses volcaniques ame-
naient des mouvements de terrains et des excava-
tions; nous fûmesavisés par des trafiquants qu'il y
aurait péril pour nous d'y revenir, car les Canaques



72 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.

nous accusaient d'être la cause de ces perturba-
tions. I

C’est le plus souvent par superstition et par ven-
geance, rarement par cupidité, qu’ils massacrent
les coprah-makers installés au milieu d'eux. Il est
d'ailleurs diflicile de deviner leur hostilité, car elle
se dissimule avec une perfidie consommée: ils vous
accueillent avec des démonstrations d'amitié et
même des présents au moment même où ils se pré-
parent a vous attaquer. Le Canaque ne prend jamais
l'offensive quand il se sait exposé à quelque danger,
et trouve les blancs très ridicules de faire ce qu'on
appelle la «guerre ouverte n. '

Il faut pourtant reconnaître aux Hébridais cer-
taines qualités qu’o_n est tout étonné de trouver chez
des sauvages: quand ils n'ont pas été civilisés par
l'école évangélique ou laïque, ou même par des re-
lations trop fréquentes avec les blancs, quand ils ont
conservé le caractère et les instincts de leur RACE, ils
montrent beaucoup de droiture et d'honnêteté dans
les-transactions et restent esclaves de leur parole.

Ils ont même -un grand respect de la propriété.
Je n'ai jamais pu me faire céder par un Canaque,
dans les îles, un objet appartenant à un de ses ca-
marades absents, quelque ' minime qu'en fût la
valeur et quelque prix que j'en offrisse. Souvent
notre goélette s'est trouvée remplie de. Canaques