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CARACTÈRE DES INDIGÈNES. 73
depuis le matin jusqu'au soir, sans qu'il fût possible
d'exercer aucune surveillance : rien n'a jamais man-
qué après leur départ. Jamais une acquisition faite
par moi dans un village n'a fait défaut au départ de
notre bateau, alors qu'il était si facile au vendeur de
disparaître au lieu de l'apporter à bord. Enfin il.est
arrivé à tous ceux qui ont voulu acheter des terrains
dans ces îles de se heurter à des refus catégoriques,
parce que les Canaques déclaraient avoir déjà vendu
la parcelle désirée. Souvent le marché précédent da-
tait de quatre ou cinq ans, et personne ne savait le
nom du capitaine avec qui_ il avait été conclu; aucun
contrôle, aucune revendication n'était possible: ils
n'écoutaient pourtant que leur loyauté.
Ils ne se livrent à des supercheries de ce genre que
lorsqu'ils sont corrompus par un long commerce
avec les blancs. Ce sont ces derniers qui les sollici-
tent et parfois les décident à vendre de nouveau ce
qui a déjà été payé afin de créer des contestations
de propriété dont ils espèrent_ profiter.
Les Hébridais sont capables de docilité et même
de soumission. Quand ils acceptent de travailler sous
les ordres d'un blanc et qu'ils l'ont reconnu pour
a master n, ils lui obéissent aveuglément. On peut les
employer comme marins; comme mineurs, comme
serviteurs et au besoin comme soldats, ils ne font
aucune objection. Et l’on abuse souvent de leur l'aci-
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74 - LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
lité. j'ai vu imposer à des engagés sept et huit heures
d'aviron de suite sans qu'il sortît une plainte de leur
bouche. On leur accorde alors comme gratification un
doigt de gin. Certains leur donnent une nourritureà
peine sufiisante, pour qu’ils ne meurent’ pas de faim;
beaucoup ne les paient jamais, les battent et les
maltraitent de toutes façons; il est rare néanmoins
qu'ils cherchent à se soustraire au servage qu’ils ont
accepté. Faut-il leur en faire honneur; je ne sais
trop: c'est. plutôt l'obéissance passive de la brute
que la résignation volontaire de la personne raison-
nable. Cependant, pour être juste, j'avouerai qu’ils
n'ont pas les défauts de l'animal àdemi libre: ils ne
sont ni inconscients, ni voleurs; j'ai toujours occupé
des Canaques hébridais sans qu’ils m'aient dérobé ni
un sou, ni un objet, et quand, le jour venu du régle-
ment, j'oubliais de déduire une avance que je leur
avais faite, ils me la rappelaient eux-mêmes.
Je le maintiens donc, et quiconque a vu de près
ces indigènes sera de mon avis, ils ne deviennent
déloyaux que par leur contact avec la civilisation.
C'est de même l'importation de l'alcool qui a vul-
garise chez eux Yivrognerie, autrefois exceptionnelle
quand ils ne connaissaient que le kawa.
Rien d'étonnant d'ailleurs à ce qu'ils prennent
plutôt les vices que les qualités des blancs, étant de
RACE inférieure.
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