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REPRÉSAILLES. 7 5
II. —— Représailles.
Quand les Canaques ont été victimes d'un mau-
vais procédé de la part d'un bateau trafiquant et
qu'ils ne peuvent s’en venger sur les auteurs mêmes,
ils le font payer aux bateaux suivants: « blanc pour
- blanc », c'est une variété de la loi de Lynch. En rai-
son de ce singulier principe, on ne sait jamais, quand
on's’approche d’un point quelconque d'une côte,
comment on sera reçu, ‘car on ignore commentceux
qui ont passé la veille s'y sont comportés. Aussi ne
descend-on jamais à terre sans prendre des précau-
tions. Tout le monde s’arme avant d'aborder; l'em-
barcation fait demi-tour à cinquante mètres du rivage,
de façon à maintenir l'avant au large; on choisit
-un endroit découvert, les rameurs restent sur leurs
avirons, les autres ont le fusil en main, et l'on
ne débarque que si les femmes se montrent sur la
plage avec les hommes. Si elles font mine de se re-
tirer à mesure qu'on approche, et surtout si‘ l'on voit
des sauvages embusqués dans la brousse, il faut se
hâter de prendre le large. On ne doit s’aventurer sur
terre que lorsqu'on est bien convaincu des disposi-
tions pacifiques des habitants: en cas de doute, il
76 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
vaut mieux traiter du bateau même auprès duquel
ils s'approcheront si on les héle.
Malgré toutes ces mesures de prudence, il n'y a
pas, pour ainsi dire, un seul rivage de ces îles qui
n’ait été le théâtre de meurtres ou tout au. moins
d'attentats. Les attaques se sont le plus souvent pro-
duites lorsque les traitants, abuses par les démons-
trations pacifiques et même amicales, se sont laissé
entraîner loin de leurs embarcations.
Les agressions sont moins à redouter de la part ‘
des indigènes de l'intérieur, « men of bush n, ils sont
plus grossiers, plus sauvages que ceux de la côte,
mais moins défiants et moins avides. Il est vrai qu'ils
n’ont pas autant que les autres l'excuse de représailles
à exercer, n'ayant que peu ou point de rapports avec
les étrangers.
Il est diflicile de décider lequel du blanc ou du
noir a commencé à tromper et à tuer l'autre. Je crois
bien que tous deux peuvent faire également leur meâ
culpâ. Mais, en ce qui me concerne, je n’ai eu que
bien rarement à constater des dispositions réellement
hostiles chez les indigènes, et jamais sans raison.
Une fois, à Mallicolo, j'avais eu l’imprudence de me
rendre, avec deux de mes amis, dans la montagne,
à un pilou-pilou auquel nous n’étions pas invités. Les
indigènes, à moitié ivres etitrès excités, sautèrent sur
leurs armes et accoururent sur nous. Nous eûmes
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