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REPRÉSAILLES. 77
heureusement le temps de rallier un gros arbre de
façon à ne pas être entourés, et, après avoir longue-
ment parlementé, nous parvînmes sains et saufs au
bateau. L’issue de l'aventure eût été douteuse si nous
n’avions saisi des notables qui nous ‘servirent à la
fois de guides et dbtages.
Un autre jour, c’était à Santo où nous nous étions
rendus pour chercher les traces d’un cutter qui ve-
nait d’être brûlé, après l’égorgem'ent'de Yéquipage}
Bien nous en prit d’être sérieusement armés, car les
Canaques, croyant que nous venions venger le mas-
sacre des Européens, nous auraient attaqués s’ils n’a—
vaient été tenus en respect par le tir de nos win-
chester.
Enfin, à T anna, nous faillîmes être victimes d'un
guet-apens que je raconterai plus loin.
ll m'est arrivé quelquefois de visiterdes villages
reculés, où les Canaques n’avaient jatnais vu de
blancs. Leur premier mouvement était desenfuir;
ils revenaient ensuite et nous entouraient avec. cu-
riosité, mais sans ombre d’hostilité, nous palpant
tout le corps, les bras et les mollets surtout," agitant
leurs mâchoires et faisant claquer leur langue contre
leur palais. A vrai dire, je n'ai jamais pu savoir si
détait là un signe d’amitié ou la manifestation naïve
d’un désir de cannibale. Les pauvres diables, qui sont
généralement fort maigres, témoignaient d’une pro-
78 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
fonde admiration pour ceux d’entre nous qui jouis-
saient d’un aimable embonpoint, estimant sans doute
que ce devaient être de grands personnages dans
leur PAYS, pour être aussi bien nourris. Dans certains
villages ils allaient jusqu'à ouvrir nos vêtements
pour examiner notre poitrine, et relever les jambes
de nos pantalons pour voir et toucher nos jambes.
Leurs claquements de dents et de lèvres étaient alors
des plus significatifs.
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