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SOCIALISME. 85
II. — Socialisme.
Une dernière remarque réjouira davantage encore
les partisans desdoctrines communistes: les Nou- '
velles-Hébrides sont une des rares’ contrées où l’on
constate l'application intégrale du pur socialisme.
Les grandes idées de liberté, d’égalité et de fra-
ternité" trouvent enfin leur patrie... chez les Cana-
ques, — au moins parmi les membres d’une même
tribu. i
Là chacun est libre, puisque personne n’est assujetti
à aucun travail; tous sont égaux et frères, puisqu'il
n’y a aucune distinction de classe, de fortune, ni de
famille dans la tribu. La récolte indispensable pour
vivre se fait en commun, et tout est partagé entre '
tous, par portions équivalentes, sous les ordres d'un
chef qui est plutôt un répartiteur qu’un maître.
Ajoutons que le résultat de l'expérience est con-
cluant : l’homme n’ayant aucun intérét_ à travailler
plus que son voisin, travaille le moins possible, et
reste dans l’état où la nature 1’a créé. Est-ce là ce
que rêvent les socialistes P
Et comment en serait-il autrement? Le progrès,
en efiet, dépend de lois naturelles que nous ne pou-
'__.-.__ m.
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86 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
vons changer, et auxquelles nous sommes soumis de
par la volonté d'un Dieu bon et justejou par la néces-
sité de l'ordre universel. Or, ces lois r entraînent
Pinégalité, le manque de liberté et Fabsence de TOUTE
fraternité entre les hommes. _
Nous apportons en naissant des forces physiques
4 et une puissance intellectuelle inégales à celles de
notre prochain; l'état des fortunes complique et con-
i tinue cette disproportion. En outre, nous ne travail-
lons que pour améliorer notre condition; or celle-ci
ne s’améliore sensiblement que lorsqu’elle devient
supérieure d’une façon quelconque à celle de nos
voisins: inégalité dans le point de départ, dans les
moyens et dans le but.
Nous ne sommes pas libres, parce que nous ne
pouvons prospérer, ni même vivre qu’en nous as-
treignant à un travail opiniâtre qui impose mille en-
traves à notre indépendance. La famille et la société,
la politique et la religion excluent pareillement la
liberté z nous nous heurtons partout à des lois
auxquelles nous sommes obligés de nous soumettre
parce qu'elles sont les conditions de notre existence
matérielle et morale.
Enfin la fraternité n’est pas davantage compatible
avec la civilisation, car ce n’est pas en partageant
fraternellement TOUTEs choses avec les autres hommes,
que nous arriverions a élever notre condition. Nous
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