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LES COPRAH-MAKERS.‘ 9 I
nir qu'un mois ou deux après.Pendant ce temps-là,
le coprah-maker ne devra compter que sur lui-même
en cas de maladie ou d’agression de la part des Ca-
naques.
Il aura mêmea répondre de tous les méfaits que
commentant les bateaux de passage, des malenten-
dus et des "discussions qui pourront surgir entre les
trafiquants et les indigènes; car on sait quels sont
les principes des Canaques sur ce point. Aussi les
meurtres ou les attentats commis sur les coprah-
makers ne sont-ils pas rares. '
A tous ces risques, il faut joindre encoreles jalou-
sies provoquées par les femmes. Quelle que soit la
réserve du blanc à ce sujet, — et elle n’est pas tou—
jours parfaite, — on le rendra responsable d'une pré-
férence qu’il aura inspirée, même a son insu, et dont
il ne saura prévenir la manifestation. i
Dès que le coprah-maker sent qu'il est devenu
l’objet d'une suspicion, ou d’un mauvais vouloir de
la part de la tribu,_ il nelui reste qu'à faire des si-
gnaux aupremier bateau qu’il aperçoit, pour trans-
porter ses pénates ailleurs; sa confiance ou sa négli-
gence ne pourrait que lui être fatale, ou tout au
moins le compromettre. S’il persiste, le Canaque Fat-
taquera en‘ traître et le tuera pendant son sommeil;
ou bien, il aura recours au poison; c’est l'arme qu’il
préfère, parce qu’il lui est facile ensuite d’affirmer
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LES NOUVELLES-HÉBRÏDES.
que la victime a succombé à la fièvre ou à toute
autre maladie.
Il n’est pas une station dans Tanna et dans Api
où des attentats de ce genre ne se soient produits.
Certaines îles, au contraire, comme Erromango et
Sandwich, offrent une sécurité presque absolue.
Malheureusementle coco y est rare. '
Cette vie peu fatigante, mais rude, ne rapporte pas
de gros bénéfices: unibon coprah-malter doit vivre
bien sobrement pour mettre par an 3,000 à 6,ooo fr.
de côté. Cette carrière ne tente guère que d’anciens
marins, des métis, quelquefois des déclassés, des
aventuriers rompus à tous les dangers et à toutes
les maladies, hommes d'énergie et Œexpérience, qui
se sont trouvés un beau jour obligés d'aller gagner
leur vie dans des pays soustraitsà toute loi. Certains
sont des épaves de bonnes familles, —— on le devine
.du moins, car nul ne sait au juste qui ils sont, ni
d'où‘ ils viennent.
Pendant la morte saison du coprah, de décembre
à mars, époque où le cocotier produit le moins etoù
les Canaques frappent eux-mêmes souvent de tabou
ou d’interdiction le commerce de ses fruits, le co-
prah-maker se fait pêcheur de biche-de-mer. Il arme
une baleinière et quitte pour deux ou trois mois sa
station. ‘
La biche-de-mer, qui est avec le coprah la seule
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