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LA POPULATION BLANCHE.
établissements successifs, il faudrait recourir aux sou-
venirs des hardis marins qui, depuis quarante ans,
parcourent ces parages sur de frêles coquilles de noix
montées par des équipages de huit ou dix indigènes.
Que de romans ces marins,trafiquants, recruteurs
pourraient tirer de leurs équipées et aventures avec
les indigènes, bons ou mauvais tours joués récipro-
quement aux uns par les autres, différends trop sou-
vent ‘réglés par le fusil ou les flèches empoisonnées
Ces récits qui se transmettent de bouche en bouche,
ne seront malheureusement, jamais écrits, car les
auteurs se soucient peu de laisser derrière eux des
œuvres littéraires pour intéresser leurs contempo-
rains ou leurs‘ descendants.
Où êtes-vous," braves boucaniers et vieux «frères
de la côte », héros des époques disparues? Vous au-
riez eu et auriez encore de beaux jours à vivre dans
certains archipels de l’Océanie. è ll faut bien avoir
quelque indulgence pour les courageux pionniers de
la civilisation qui suivent vos traces, car après tout,
les premiers qui ont usé de violence, les véritables
« Outlaws », ne sont—ce pas les indigènes eux-mêmes,
à qui l’on nefait que rendre les traitements que l’on
reçoit d’eux? '
Certes, je ne défendrai pasles actes rendus publics
par les jugements des tribunaux, + achats de mar-
chandises payés ‘avec des caisses de tabac remplies de
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96 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
cailloux, bateaux mettant à la yoile au milieu de la
nuit pendant qu’un orgue de Barbarie e_t un tonneau
de trois-six enivrent les indigènes, hommes, femmes
et enfants, surpris dans une orgie dont- le dénoue-
ment sera une vente lucrative, pêches à la dynamite
au milieu de pirogues dans la charitable intention
de sauver du naufrage, — en les mettant à fond de
Mais, d'un autre côté, combien de blancs traîtreu-
sement assassinés et sans aucun motif l Combien
Œembarcations enlevées, pillées ou brûlées après le
meurtre de leurs équipages, de schooners eux-mêmes
attaqués par les sauvages
« Pourquoi restez-vous en Calédonie? disait une
fois un de ces aventuriers à quelqu'un" de nos amis.
Venez avec moi, on ne peut rien faire ici: il y a un
Gouvernement? » _
LesHébridais parlent encore avec un respect bien
mérité du capitaine a One leg », ainsi surnommé
parce qu'il était amputé, à la hauteur du mollet,
d’une jambe perdue a la guerre, ce qui ne l'empêchait
pas de marcher comme un homme valide, grâce à
un appareil de caoutchouc. ‘Cemèlunv jour par les
Canaques et se voyant presque perdu, il eut l'idée
lumineuse de retirer sa jambe articulée et de courir
sus aux indigènes, en sautant sur eux,— c’est le cas
de le dire, —— à pied lavé. Les Canaques poussèrent
cale, —— ceux qui vont se noyer...
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