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CHAPITRE IX

LES MISSIONNAIRES

Il existe des missions bibliques anglaises àTanna,
Erromango, Annatum, Sandwich, Api, Ambrym;
elles viennent de s'étendre jusqu’à Mallicolo et
Santo. Les Français, qui avaient fondé une mission
catholique. à Annatum en 1849, mais qui depuis
avaient quitté l’archipel, en ont tout récemment
établi plusieurs à Santo, à Mallicolo et à Sandwich
février 1887.

Voilà BIEN des missionnaires : malheureusement
les résultats obtenus ne sont guère en rapport avec
Feiïort et il faut avouer que les secours accordés par
les fervents des deux pays trouveraient facilement
un meilleur emploi dans d'autres régions.’ Nous
avons, en effet, montré que les Canaques ne peuvent
supporter le contact du blanc et qu'ils’ disparaissent
à mesure que la civilisation s'avance; cette simple.
remarque ne devrait-elle pas refroidir le zélé de-
ceux qui les évangélisent? D'ailleurs, lïnfiuence des
missionnaires reste infiniment bornée, en raison de





108 LES NOUVELLESÆIÉBRIDES. .

la division des tribus, et il ne leur est pas facile de
se faire entendre de sauvages étrangers a toute reli-
gion antérieure, même au culte des morts. Sur quel
levier shppuyer pour secouer leur brutale indifié-
rence? Tout ce qu’on peut tenter de faire esrde res-
treindre les actes de cannibalisme et les attentats
inutiles, ou encore d’amener les indigènes a porter
un pagne et a se suspendre au cou un bout de croix,
dont ils ne comprendront jamais la signification.
Voilà évidemment à quoi se réduisent les conver-
sions quand elles réussissent.

Encore Pefiet de la prédication reste—t—il limité au
village où réside le missionnaire, dest-a-dire à un
groupe de vingt à cent individus. Ceux-ci sont géné-
ralement en guerre avec leurs voisins, en tout cas
avec ceux qui suivent, et le missionnaire se trouve
par l'a séparé du reste de l'île; il sufiit même qu’il
habite dans une tribu pour ne pouvoir mettre les
piedssur le territoire limitrophe: aussi son action
peutêelle être considérée comme à peu prés négli-
geable. Et c'est pour un tel résultat qu’on construit à
Fhomme de Dieu une maison confortable entourée
de jardins et approvisionnée régulièrement età grands
frais de vivres et de marchandises Il est vrai que c’est
uniquement a ces fournitures et auxlargesses qu’el1es
lui permettent de faire que sont dues les quelques
conversions dont se réjouissent les bonnes âmes.