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LES MISSIONNAIRES. I I 7
reproduit par Hndépmdant et signé d'avance par le
missionnaire : d'après ce document supposé, les
Canaques se seraient refusés à laisser aucun étran-
ger s'installer sur leurs terres, e alors que le sol
du volcan avait été régulièrement vendu quelques
années auparavant et que la Compagnie était en pos-
session des titres. L'évaluation ridiculement exagé-
rée du soufre avait pour but de justifier le manque
de parole aux yeux des indigènes en leur persuadant
qu'ils "avaient cédé, sans s'en douter, une propriété de
valeur énorme: on avait ainsi provoqué une agita-
tion dont le résultat naturel était l'embuscade où’
' nous avions failli périr.
Notre interprète qui, quoique fils d'un chef hébri-
dais, se trouvait depuis plusieurs années au service
du capitaine Peterson p.résent parmi nous, ne nous
cacha pas, quand tout fut terminé, que les Canaques
nous attendaient là non seulement pour nous barrer
le passage, COMME ils‘ Favouaient, mais dans l'inten-
tion secrète de profiter de la discussion pour nous
attaquer. Ils le lui avaient catégoriquement déclaré
dans les pourparlers qui avaient précédé l'entente,
et, s'ils ne l'avaient pas fait d'abord, c'est qu'ils
avaient été intimidés par notre nombre, par l'a posi-
tion de défense que nous avions aussitôt prise, en
terrain découvert, et surtout par les menaces que
nous leur avions fait traduire; nous les avertissions
-‘,
I I8 LES NOUVELLES-HÉBRIDES.
-en effet que s'il survenait un conflit, des soldats
français « aussi nombreux que les feuilles des arbres »
viendraient immédiatement occuper leur pays.
On me dira que le missionnaire en prenant si
chaudement en mains les intérêts des Canaques ne
croyait certainement pas provoquer un pareil guet-
apens: mais je persiste a m’étonner qu'un homme
intelligent et‘ instruit, sachant ce qu'on peut attendre
de pareilles brutes, n'ait pas prévu ce qui arriverait
si l'on excitait aussi imprudemment leur cupidité et
leur amour du sol natal, en les lançant contre des
_ étrangers qu'on leur disait venus pourles dépouiller.
Tous les voyageurs savent, depuis Bougainville
et Cook, que les indigènes de Tanna sont les plus
belliqueux de l'archipel et qu'ils n'ont été nullement
évangélisés.
La vérité est que le missionnaire en question, im-
puissant pour le bien, n'avait pu faire de sa tribu que
l'instrument de ses rancunes nationales. Quant ‘a lui,
il était parti avant notre arrivée pour un autre point
de la côte, alors que son devoir eût été au moins de
nousprévenir d’un danger qu'il ne pouvait pas ignorer.
Depuis ce jour je me suis surpris souventàpenser
que bien des missionnaires se servent du nom de Dieu
COMME on s'en servait, au temps de l'inquisition et
des guerres religieuses, dans l'intérêt de passions
toutes terrestres. j'admets que le patriotisme leur
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