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LE COMMERCE. 129

à mesure que la colonisation s’étendra et que les
Canaques seront appelés à des emplois, comme cela
se passe déjà en Calédonie. Aujourd’hui même, s'il
est vrai qu’on ne paie que quinze francs par mois un
travailleur, il faut ajouter à ce prix le rembourse-
ment au recruteur des 300 francs qu'il exige par
tête pour un contrat de trois à cinq ans; car l’indi—
géne refuse toujours de travailler dans sa propre île
et il faut le transporter dans une autre pour en ob-
tenir un engagement. i

La culture de la banane serait seule rémunératrice
en ce moment sur le marché de l’Australie; mais
comme le débouché en est limité à Sydney età Mel-
bourne, déjà approvisionnés par les Fidji et le
Queensland, il est à craindre que les prix ne s'avi—
lissent d’ici à peu de temps par suite du développe-
ment naturel de la colonisation. Néanmoins on
pourrait encore se lancer dans cette exploitation qui
ne demande aucune sortie de capital, — surtout dans
l’île Sandwich, reliée depuis un an à 1’Australie par
un service direct de steamers; mais il ne faudrait
pas tabler sur une longue continuation de profits.

Le maïs, le manioc, le sagou et Parrowroot qui
prospèrent dans les îles, sont des cultures trop pau-
vres pour payer Pexportation. Il faut songer, en effet,
que si le prix de la main-dbeuvre noire estàpeu prés
le même qu’en Calédonie, celui de la main—d’œuvre

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1 3o ' LES NOUVELLES-HÉBRIDES.

blanche dont on ne peut entièrement se passer,
y est beaucoup plus élevé en raison de linsalubrité
du pays: un blanc réclame pour résider dans ces îles

"des salaires presque doubles de ceux qu’il reçoit ail-

leurs. ,_
Le café est d’excellente qualité et vient très bien.

Les bois renferment aussi des essences de choix.

Mais pour les raisons que je viens d’indiquer ces
deux exploitations ne ‘donnent pas encore de gros
bénéfices. Il est vrai qu'elles sont à l'état rudimen-
taire et que chaque jour le profit augmente.

Une compagnie australienne avait essayé d'accli-
mater le coton, il y a une quinzaine d'années. Elle y
a renoncé, à cause des frais de premier établisse-
ment.

. En somme, jusqu’ici, on n’a jamais gagné d'ar-
gent aux Nouvelles-Hébrides que par le recrutement
des travailleurs, le commerce du coprah et celui
de la biche-de-mer. Il faut donc, si l’on veut tirer
partie de ce sol réellement admirable, se tourner au
plus tôt vers ces cultures riches qui ne réussissent
que dans des terrains d’exception.Nous avions pensé
au cacaoyer, au poivrier, au cannellier et au musca-
dier; mais après avoir constaté de viru les résultats
qu’elles ont donnés dans d’autres pays mieux pour-
vus de travailleurs, tels que java, Malacca et Suma-
tra, nous pensons que c’est dans l’avenir seulement