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sur la transmission héréditaire du pouvoir des chefs, si le fait est
exact dans quelques endroits, la plupart du temps le pouvoir est
entre les mains de guerriers ayant acquis une grande renommée
dans ces petites guerres incessantes dont le motif est à peu près
invariablement le même : incursion et vol dans une tribu voisine,
ou enlèvement d’une femme par les Canaques étrangers.
Le tempérament belliqueux n'est pas le même dans toutes les
îles; les indigènes de Santo et ceux de Tanna sont réputés comme
les plus batailleurs de Parchipel. Tout au contraire, ceux de lӔle
Vaté, depuis que cette île est devenue le centre de la colonisation,
et ceux d'Aoba, sans doute par suite du mélange des races, sont à
peu près tranquilles. Mais partout ils ont besoin, pour se décider z
la bataille, de faire de part et d’autrc de longs discours et de se
livrer ù un véritable entraînement. Ils passent des heures entières
à pousser des hurlements féroces, après s’étre couvert le corps et
la face de couleurs violemment tranchées, — rouge, bleu et noir, —
afin de se donner l'air terrible, et complètent leur grande tenue de
bataille en se plaçant sur la tête des masques de guerre grossière:
ment emplumés, taillés et ornementés, et toujours colorésen rouge
et en bleu.
Cette manière de se peindre vient compléter les tatouages qui
tiennent une grande place dans les sacrifices l'aits par les Canaques
à la coquetterie. ,
Ils se couvrent aussi les épaules et le devant de la poitrine de
cicatrices en relief, se percent la- cloison du nez et les lobes des
oreilles. Leurs vêtements étant très succincts, ils se servent du
trou ainsi fait dans le lobe de l’oreille pour y passer le tuyau de
leur pipe; le tabac en lamelles est à poste fixe sur l’oreille même;
quant aux allumettes, quand ils peuvent s’en procurer, ils les met-
tent à l’abri de Phumidité en les enfonçant dans leur chevelure.
Les Canaques aiment beaucoup la parure. S'ils se servent iiiaiii-
tenant des objets que leur cèdent les bateaux de passag , ils
n’étaient pas autrefois dépourvus d'ornements venant de leur pro-
pre industrie. Les coquillages, les plumes de divers oiseaux étaient
très recherchés; mais ils prisent par-dessus tout les défenses de
cochon, qui, par suite de la disparition des dents correspondantes
de la mâchoire supérieure, et au moyen d"un massage répété de la
mâchoire inférieure, sont détournées de leur direction naturelle,
et, ne rencontrant pas d’obstacles, se développentlibreinent; elles
sont d’autant plus estimées qu’elles sont plus volumineuses et all'ec-
tent mieux la forme circulaire. Les Canaques en font des bracelets,
des colliers, et le respect individuel s'accroît en proportion directe
du nombre de ces objets.
Les indigènes s'en parent pour leur fètes ou Sin-sin, analogues
au Pilou-pilou des Calédoniens, ou à la tapriata des Marquisiens.
Des coups redoublés frappés sur les tant-tains appellent les indigènes
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aux réjouissances. A peu près toutes les tribus ont leurs tain-tains;
les plus curieux sont ceux des Canaques de hfallicolo, tres colorés,
et ceux de llfélé, dans l’îlc Vaté, mieux travaillés. Pest a ‘tort que
l’on avait pris ces tain-taiiis, énormes cylindres de BOIS creux
surmontés de figures grossièrement taillées, pour des idoles aux-
quelles les Canaques rendaient un culte. Neo-lléliridais n ont
aucune idée religieuse; ils craignent le diable, ils ont peur de la
nuit; il est rare de voir un Cauaque hors de sa case apres le cou-
cher du soleil l.
Quant à Finstitution du tabou, elle m'a toujours paru ètrc une
arme très utile entre les mains des chefs ou des sorciers pour
mener à bien leur projets au mieux de leurs intérèts 2.
La mise à l'eau d'une pirogue, la récolte des ignamese 011 le
résultat heureux d’un «roinbat avec une tribu voisine, tels sont les
principaux motifs des Sin-sin, de ces l'êtes hurlantes qui prennent
fin, non quand les provisions liquides ou solides sont achevées, ce
qui est assez rapide, mais quand les Janaques sont incapables de
crier et de danser, ce qui est beaucoup plus long. Ces lètes ne
vontpas sans Pimmolation d'un grand nombre d'animaux de toutes
sortes, les porcs principalement, et sans la mise ‘a mort de quel-
ques êtres humains, iin au moins. . _ ,
On aprétendu à tort que les Canaques n étaient aiithropophages
que par besoin, et que la disette seule les amenait a cette abomi-
nable pratique. Le Néo-llébridais 3 tue pour le plaisir de tuer;
on pourrait presque dire par gourmandise.
La vengeance personnelle joue cependant un rôle dans ces
immolatioiis huinaiincs, soit qu'il s'agisse d'un Zanarliie dont le
chef de la tribu veut se «lébarrasser, soit qu'il s'agisse d un colon
blanc établi dans le voisinage. Au cours du Stlt-Stltalc sorcier, il ac-
cord avec le chef, prend un air inspiré et, après niille C0nl0l“Sl0nS,
désigne brusquement un guerrier. L'homme est eondaiimé. Lepen-
dant il peut racheter sa vie en donnant celle du blanc le plus voi-
siii; toute la tribu l'aide alors dans son entreprise. Quelques Car
naques arrivent à la maison du colon et lui présentent un objet a
acheter, généralement un pore ficelé sur un billon et que l on jette
à terre. Le colon se baisse pour voir si l'animal est en bon état,
et pendant qu’il est penché, un des Canaques lïissoinine d'un coup
t ll ne faudrait pas faire de cette indication une règle absolue. C'est géné-
ralement pour aller jouer entre eux la nuit que les Çanaques engagés surinon-
tent leur eur des ténèbrcs._lls sont, en ellet, trcsàoueurs et depuis quelques
années cu tivent le poker, qui leur a ete appris par es engagés revenant d llo-
"oäiuflllfe tabou est la mise a l'index d'un objet ou d'une personne qui devien-
nent interdits au contact. sous peine de malédiction. ll correspond ù. une sorte
dbxcoipmunäcaätion qui frappe non seulement les ètres vivants, niais les choses
'n'';l'".»'' Ïtïfaârdéfiér de ce qui se passe dans la peuplade des Niains-Nianis, dont
le cri de guerre est : « De la viande de la viande o etqui pratiquent le canni-
balisme par ratlineinent, dans des contrées giboyeuses. Docteur A. Nicolas.
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