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Ces actes désolants en eux-mêmes et par leur fréquence, le sont
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encore peut-être davantage en ce que les Canaques s’en entre-
tiennent ensuite comme de hauts faits dont ils se font gloire, alli-
chant le plus profond dédain pour des représailles possibles, et
bien décidés dès que paraîtraà Fhorizon la silhouette d’un bateau
9 . a
de guerre, à gagner l’intérieur des terres, où ils sont a peu près
inattaquablcs.
,_ . ' v - ' .
S'il est vrai, comme je lai dit plus haut, que les Canaquestne
sont pas redoutables pour une zigglomération de colons vivant bien
groupés et pouvant aisément se préter main-forte, il n'en saurait
être de même pour les colons isolés ;je ne parle pas seulementdes
coprahmakers qui courent les risques de cette vie étrange, sachant
parfaitement à quoi ils s’exposent, et qui peu à peu prennent trop
facilement l'habitude de noyer les ennuis de la solitude et leurs
craintes en même temps dans de nombreux verres 3e gin]; J0 pelflîî
aussi ù certains colons —_— il sen trouve toujouis ans_ e nom ,
—— qui, par tournure misanthropique, quelqueÎŒSs films Plus 50"‘
vent par désir de gagner davantage en étant seuls a exploiter une
région, ont l’idée d’aller tenter fortune à l écart, comme Briault a
Aoré, ou Sireguey aux Blaskelynes. . ‘ _ _
Les colons doivent avoir, vis-a-vis des Canaques leurs voisins,
une attitude toute particulière, et toujours la même. S’ils bruta-
liseiit les Canaques sans motifs, ils se créent des iniinitiés sérieuses,
et tôt ou tard ils payent leur brutalité. Les Canaques assassinent
trop facilement des gens inollcnsifs à qui ils n’ont rien à reprocher
pour ne pas chercher, avec un semblant de raison, a assouvir leur
haine des blancs en même tempsqu une rancune partlcullcle dLS
qu’ils peuvent en trouver l'occasion. _ _
Brutaliser les Canaques est une faute. Les admettre faniilieic-
ment dans son intimité chez soi en est une plus grande. parce que
le colon qui aurait adopté cette seconde manière de faire aurait
forcément, dans la suite, à changer Fattitude pour résister a lim-
portunité de ses noirs amis. lesquels, quoi qu’en aient dit certains
voyageurs, sont les plus remarquables voleurs qui soient.
Plusieurs personnes m’ont allirmé avoir lu dans de récents
récits que les faits d’antliropophagie reprochés aux Néo-llébridais
étaient absolument fantaisistes. Les auteurs de ces articles pour-
raient prendre place acôté de l’a'imable journaliste dont parle mon
‘ .« -
ami lla"en lequel journaliste traitait de fables grossieres les faits
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de piraîerie dont se rendaient coupables les anciens recruteurs.
Je n’ai pas lu les récits en question, mais j’ai sous les yeux un
article du Sydney illail qui a le tort de généraliser certains lclûlls
spéciaux à l’île Vaté :
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c Il serait en vérité difficile à un étranger se promenant aujour-
d’hui a Vaté de penser qu’il y’ a quelques années seulement, tout
le pays environnant était habité par une race de sauvages, canni-
bales invétérés, mangeantsouvent les marins naufragés, aussi bien
du reste que leurs propres frères tués dans les guerres de tribu a
tribu. Maintenant tout cela est changé, dans l'île Yaté et dans beau-
coup d'autres îles. L’enseigneinent chrétien a éclairé leurs esprits
en même temps qu’iin commerce honnête rend les naturels iiidus—
trieux, se respectant eux-mêmes et respectant autrui. n
Tant qu'il s’agit de Vaté, c'est exact. Quant aux autres îles, il
suffira de dire que, dans le courant du mois de septembre 1892,
dix-sept Canaques ont été mangés dans la seule tribu de Vao,
petite île sur la côte est de Mallicolo.
J'ai souvent entendu dire que, dans certaines îles. l'empoison-
nement était en honneur. Les fruits, les bananes principalement,
serviraient de véhicule à la substance vénéneuse sur la nature de
laquelle je n’ai jamais pu avoir de renseignement précis. Pour les
uns, ce serait un poison minéral, semblable comme aspect exté-
rieur à de la plombagine; selon d’autres, ce serait un poison
végétal composé avec diverses plantes, entre autres certaines
euphorbiaeées. Cette coutume serait surtout en honneur à Api.
Bien qu’il n’y ait rien de précis à ce sujet, c’est toujours une
indication à retenir.
Il
LES COLONS.
Un colon arrive aux Nouvelles-llébrides; que doit-il faire après
s’ètre muni de tous les renseignements nécessaires que le minis-
tère des colonies tiendra certainement à la disposition des per-
sonnes désirant émigrer, pour éviter des déboires et de cruelles
désillusions à des gens naturellement disposés à voir tout en beau
au moment de leur départ, et n’ayant pour se guider que les indi-
cations puisées à une source officielle"? Une fois mis en possession
provisoire d’une concession que lui a donnée la Compagnie de
colonisation ou que lui cède il certaines conditions la Compagnie
française des NouveIles-llébrides, le colon doit avoir, dès le début,
deux préoccupations principales : se mettre en état de pourvoir à
sa propre subsistance, -— nous le supposons sans argent, ce qui
est malheureusement très fréquent, — et en second lieu prendre le
plus rapidement possible les mesures nécessaires pour assurer son
bien-être de plus tard, commencer de suite certaines cultures à long
terme aliii le s'assurer dans lïiveiiii‘ de véritables rentes avec sa
terre. Je laisse de coté pour le moment la question d’habitation.
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