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50 L'ÉTAT Acrusi. au PROBLÈME roreuious
Cette croyance constitue un élément essentiel du totémismc
vrai; il estfaux de dire, comme le fait Durkbeim, que u cette
parenté mythique peut manquer sans que les trnits essentiels
du totémismo disparaissent ' n. Ou si c'est son opinion, c'est
qu'il sc fait du totémisme une idée entièrement dilférente de
cella qu'on s'en est faite jusqu'ici, ct se singularise, au sens
étymologique du mot.
Jbxaminerai plusloin comment l'auteur explique la genèse du
totémismo tel qu'il le comprend; mais je ne saurais le quitter
ici sans avoir signalé les critiques qu’il adresse à quelques
théoriciens qui l'ont précédé. On a vu que Frazer refuse au
rtotémisme toute valeur et tout caractère religieux, pour en faire
une sorte de magie. « C'est, dit Durkheim, que ce savant s’est
fait une fausse conception de ce qu'est réellement la religion ;
les forces que le culte totémique met en œuvre sent imper-
sonnelles comme celles que manie le magicien; seulement
Frazer tire dc cc fait une conclusion erronée ‘parce que, sui-
vant lui, il n'y a religion quo là où il y a personnalités mythi-
ques ' ». Il ne semble pas que Frazer ait dit cela; il demande
seulement, pour qu'il y ait religion, qu'oxiste un sentiment de
subordination ailectueusc vis-à-vis d'une puissance considérée
comme supérieure ; mais que cette puissance soit individuelle
ou spécifique, cela lui semble égal. La différence entre Frazcr
et Dnrkheim réside mains ici dans ce qu'ils considèrent comme
le contenu de la religion que dans la conception qu'ils se font
du totem. Par la force de son analyse, Durkhoim a complète-
ment fait évanouir le totem spécifique, l'espèce-totem agissante
et vivante, utile ou nuisihle,- pour la remplacer par le clan,
appelé principe totémique, qu'il anime d'une vie irréelle ct
dont il fait, malgré les Australiens et autres primitifs une
«personnalité mythique n. Un culte rendu à une entité imper-
sonnelle serait inconcevable, surtout chez des primitifs; faire
du totem une sorte de Logos social, ce n'est point pensez- en
primitif, mais cn métaphysicien très civilisé. En tout cas ce
